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Les morts ont tous la même peau, Les chiens le désir et la mort, Boris Vian, 1974 -,Classiques du Crime, polar, roman policier,

Les morts ont tous la même peau, Boris Vian - collection Les Classiques du Crime - Suivi de : Les Chiens, le désir et la mort - Postface - repères bio-bibliographiques - 

"Il n'y avait pas beaucoup de clients, ce soir, et l'orchestre jouait mou, comme toujours dans ce cas-là. Moi, ça m'était égal. Moins il en venait, mieux ça valait. Avoir tous les soirs une demi-douzaine de types à éjecter plus ou moins proprement, à la longue, ça finissait par devenir fatigant. Au début, j'aimais ça.

J'aimais ça ; ça me faisait plaisir de taper sur la gueule de ces cochons-là. Mais cinq ans de ce sport et je finissais par en avoir assez. Cinq ans passés, sans qu'ils s'en doutent, sans qu'ils se doutent qu'un sang-mêlé, qu'un homme de couleur, leur cassait la figure tous les soirs. Oui, au début, ça m'excitait. Et les femmes, ces saletés pleines de whisky. Je les flanquais dans leurs bagnoles, avec leurs frusques et leur alcool dans les tripes. Tous les soirs, toutes les semaines; Cinq ans. 

Nick me payait très bien pour ce boulot, parce que je présentais pas mal et que je savais les envoyer dans les pommes sans histoires et sans esclandre. Je faisais mes cent dollars par semaine.  (...)

Je m'étirai. Je n'avais plus beaucoup de plaisir à leur casser la gueule, voilà le truc. Je m'étais habitué. J'étais blanc. (...)

J'étais blanc. J'avais épousé une femme blanche. J'avais un gosse blanc. Et le père de mère avait travaillé comme docker à Saint-Louis. Un docker aussi foncé qu'on pouvait le rêver. Toute ma vie j'avais haï les Blancs. Je m'étais caché, je m'étais sauvé d'eux. Je leur ressemblais, mais ils me faisaient peur à ce moment-là. Et maintenant je ne savais plus ce que j'éprouvais autrefois, car je ne considérai plus le monde avec mes yeux de Noir. ."

éditions Edito-Service, Genève, 1973  -  #Les Chiens, le désir et la mort Boris Vian, #crime, #vieux roman policier, #classiques du crime, #polar, #roman policier, #Edito Service Genève,

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Les morts ont tous la même peau, Boris Vian - collection Les Classiques du Crime - Suivi de : Les Chiens, le désir et la mort - Postface - repères bio-bibliographiques - 

"Il n'y avait pas beaucoup de clients, ce soir, et l'orchestre jouait mou, comme toujours dans ce cas-là. Moi, ça m'était égal. Moins il en venait, mieux ça valait. Avoir tous les soirs une demi-douzaine de types à éjecter plus ou moins proprement, à la longue, ça finissait par devenir fatigant. Au début, j'aimais ça.

J'aimais ça ; ça me faisait plaisir de taper sur la gueule de ces cochons-là. Mais cinq ans de ce sport et je finissais par en avoir assez. Cinq ans passés, sans qu'ils s'en doutent, sans qu'ils se doutent qu'un sang-mêlé, qu'un homme de couleur, leur cassait la figure tous les soirs. Oui, au début, ça m'excitait. Et les femmes, ces saletés pleines de whisky. Je les flanquais dans leurs bagnoles, avec leurs frusques et leur alcool dans les tripes. Tous les soirs, toutes les semaines; Cinq ans. 

Nick me payait très bien pour ce boulot, parce que je présentais pas mal et que je savais les envoyer dans les pommes sans histoires et sans esclandre. Je faisais mes cent dollars par semaine. 

Ils se tenaient tous peinards. Il y en avait bien deux, dans le coin, qui faisaient du bruit. Rien de grave. Ceux du dessus ne bougeaient pas non plus. Jim roupillait derrière son comptoir. 

Au-dessus, chez Nick, on jouait. Jeu de crapules, naturellement. On pouvait aussi trouver des filles si on voulait. On buvait également, mais n'importe qui ne montait pas. 

Les deux du coin, un type maigre et une blonde fatiguée, se levaient pour danser. Tant qu'ils n'étaient que deux, pas beaucoup de risques. Le pire c'était qu'ils se cassent la gueule en se cognant dans les tables, et je les rassoirais gentiment à la leur. 

Je m'étirai. Jim roupillait de plus en plus et les trois musiciens ne s'en faisaient pas. Machinalement, je lissai de la main le revers de mon smoking. 

Je n'avais plus beaucoup de plaisir à leur casser la gueule, voilà le truc. Je m'étais habitué. J'étais blanc. 

Je sursautai en me rendant compte de ce que je venais de me dire. 

- Passe-moi un verre, Jim.

- Whisky ? marmonna Jim, en s'éveillant d'un rêve.

-whisky. Pas trop de whisky.

J'étais blanc. J'avais épousé une femme blanche. J'avais un gosse blanc. Et le père de mère avait travaillé comme docker à Saint-Louis. Un docker aussi foncé qu'on pouvait le rêver. Toute ma vie j'avais haï les Blancs. Je m'étais caché, je m'étais sauvé d'eux. Je leur ressemblais, mais ils me faisaient peur à ce moment-là. Et maintenant je ne savais plus ce que j'éprouvais autrefois, car je ne considérai plus le monde avec mes yeux de Noir. Mon évolution s'était fait lentement à mon insu, et, ce soir-là, je me retrouvais transformé, changé, assimilé."

éditions Edito-Service, Genève, 1973  -  #Les Chiens, le désir et la mort Boris Vian, #crime, #vieux roman policier, #classiques du crime, #polar, #roman policier, #Edito Service Genève,

Description : format livre de poche, 189 pages. bon état, "ombre" sur le deuxième plat de couverture.

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