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Les coups du silence, David Elliott, 1976 - folie, asile, emprisonnement

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Les coups du silence, David Elliott - roman Listen to the silence, traduit de l'américain par Robert Bré - Tirage réservé aux libraires -  "Quand je monte les marches de ciment qui conduisent à des fenêtres grillagées ouvrant sur des cuisines grises ou des offices empestant la tomate,, la graisse, le balai mouillé et le désinfectant, ou encore sur de petits dortoirs dénudés où des corps roses ou blancs asexués gisent à demi abrités par des couvertures brunes sur des matelas jaunis et d'informes oreillers rayés. (...) Je me demande, serai-je un jour comme eux, sortirai-je jamais d'ici. Si l'on me garde assez longtemps, oui je serai un jour comme eux, et je ne sortirai jamais. Je ne peux pas m'imaginer vieux hirsute sale et abruti, mais peut-être ne l'imaginaient-ils pas non plus à un certain moment. Je me demande si cela arrive progressivement ou en une seul jour. Se lève-on un beau matin en disant, mon Dieu, j'ai le cerveau fêlé, quel dommage. Chuck prétend que tous savent à quel moment ils ont pris le mauvais virage mais qu'une fois-là ils ne s'en rendent plus compte et plus ne s'en soucient. Peut-être a-t-il raison mais dans ce cas pourquoi ne planterait-on pas un signal déviation ou autre chose. Suis-je ici pour une raison valable. Je le crois. Chacun se trouve là où il est pour une raison valable. Mais je refuse de savoir que j'ai pris ce virage sans le savoir. Je me garde soigneusement de faire la moindre idiotie ou je veille en tout cas à ce que personne ne s'en aperçoive." éditions Seghers 1976. #listen to the silence, #folie, #asile, #emprisonnement, #livre rare, #tirage réservé aux libraires

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Les coups du silence, David Elliott - roman Listen to the silence, traduit de l'américain par Robert Bré - Tirage réservé aux libraires - 

"Seul, je peux faire des tas de choses. Penser est ce que je préfère. Surtout quand je me promène sur les pelouses entre les pavillons. (...)

Certains jours il n'y a pas de cris. Ces jours-là le chant de la verdure est bien plus joli. Les papillons aussi sont plus jolis. Un peu comme des pétales de raison qui s'échapperaient des fenêtres. Parfois j'ai envie de les attraper et de les rendre à ceux à qui ils appartiennent, mais je me dis alors, ils ne devaient pas les mériter pour les avoir laissé s'envoler comme ça. La raison doit être à la fois lumière et silence. Je reste silencieux la plupart du temps. L'autre jour, l'un de ces gros papillons jaunes s'est posé un instant sur mon nez et puis il a repris son vol comme pour me dire, je ne suis pas à toi. Je pense beaucoup. Je pense quand je suis dans mon lit et que je fixe les murs épais et bossués, en essayant de ne pas entendre les gémissements de Chuck. Je pense aussi au réfectoire, quand je m'efforce de ne pas trop sentir le relent de la nourriture et de ne pas entendre les autres la manger. Quand j'arpente les pelouses, les trottoirs ou le chemin qui mène à la ferme. Quand je regarde le visage rouge sang ou livide des autres promeneurs. (...)

Quand je monte les marches de ciment qui conduisent à des fenêtres grillagées ouvrant sur des cuisines grises ou des offices empestant la tomate,, la graisse, le balai mouillé et le désinfectant, ou encore sur de petits dortoirs dénudés où des corps roses ou blancs asexués gisent à demi abrités par des couvertures brunes sur des matelas jaunis et d'informes oreillers rayés. (...)

Je me demande, serai-je un jour comme eux, sortirai-je jamais d'ici. Si l'on me garde assez longtemps, oui je serai un jour comme eux, et je ne sortirai jamais. Je ne peux pas m'imaginer vieux hirsute sale et abruti, mais peut-être ne l'imaginaient-ils pas non plus à un certain moment. Je me demande si cela arrive progressivement ou en une seul jour. Se lève-on un beau matin en disant, mon Dieu, j'ai le cerveau fêlé, quel dommage. Chuck prétend que tous savent à quel moment ils ont pris le mauvais virage mais qu'une fois-là ils ne s'en rendent plus compte et plus ne s'en soucient. Peut-être a-t-il raison mais dans ce cas pourquoi ne planterait-on pas un signal déviation ou autre chose. Suis-je ici pour une raison valable. Je le crois. Chacun se trouve là où il est pour une raison valable. Mais je refuse de savoir que j'ai pris ce virage sans le savoir. Je me garde soigneusement de faire la moindre idiotie ou je veille en tout cas à ce que personne ne s'en aperçoive." 

éditions Seghers 1976#folie, #asile, #emprisonnement, #livre rare, #tirage réservé aux libraires

Description : livre broché, couverture souple, 296 pages, format 20,5 cm x 13,5 cm. bon état.

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