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Le bon lait d'Amérique, Georges Magnane, 1946 - Californie 1950, université californienne 1950, roman,

Le bon lait d'Amérique, Georges Magnane - de son vrai nom René Catinaud - collection Tous les Cieux - 

Le premier juin, Georges Limbour m'écrit et me propose de partir en Californie, à Mills College, pour une série de soixante conférences sur la littérature française contemporaine. Il avait été nommé à ce poste mais son état de santé ne lui permet pas de voyager. Quand je lis, plus bas, qu'il me faut quitter Paris vers le quinze juin, je pense qu'il s'agit d'une plaisanterie. Deux semaines pour préparer soixante conférences, cela dépasse, et de loin, jusqu'aux programmes délirants parmi lesquels je me débattais au temps où, à la Sorbonne, je partais à la conquête des certificats de licence les plus divers. (...) Cette proposition tombe si mal à propos que je suis fortement tenté d'accepter. Avant que je sois arrivé au bout de la lettre - qui a du reste quatre pages - j'ai cheminé à petits pas sur plusieurs plages californiennes, j'ai galopé autour des incroyables sequoias, j'ai roulé en voiture à travers les déserts fauves de l'ouest, j'ai dansé au sommet des gratte-ciel de New-York, j'ai trempé ma tête dans les éclairages glauques des bars où l'on boit des cocktails et où le jazz coule de source. (...)  Tout de même, la Californie c'est le pays de Steinbeck, le romancier américain qui m'est le plus sympathique, sinon celui que j'admire le plus. Quant au traitement, mille dollars pour six semaines, je ne m'y arrête pas. D'un pays à l'autre, les calculs de budget sont impossibles à notre époque. Je me doute bien que c'est honorable.s. 

éditions La Bibliothèque Française, 1946 #Californie 1950, #college américain, #université américaine 1950, #professeur littérature, #René Catinaud, 

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Le bon lait d'Amérique, Georges Magnane - de son vrai nom René Catinaud - collection Tous les Cieux

Le premier juin, Georges Limbour m'écrit et me propose de partir en Californie, à Mills College, pour une série de soixante conférences sur la littérature française contemporaine. Il avait été nommé à ce poste mais son état de santé ne lui permet pas de voyager. Quand je lis, plus bas, qu'il me faut quitter Paris vers le quinze juin, je pense qu'il s'agit d'une plaisanterie. Deux semaines pour préparer soixante conférences, cela dépasse, et de loin, jusqu'aux programmes délirants parmi lesquels je me débattais au temps où, à la Sorbonne, je partais à la conquête des certificats de licence les plus divers. D'ailleurs, je suis très occupé. Et il fait chaud. A la seule idée de commencer le plan de la première conférence, la sueur me chatouille avec insistance lez front et le bout du nez. Je suis même fatigué. Insomnies de plus en plus fréquentes. Je me demandais justement si je n'allais pas, dès le début des vacances, partir à la campagne et remiser complètement, pour deux mois au moins, et le roman commencé depuis quelques semaines, et le scenario auquel je travaille depuis janvier.

Cette proposition tombe si mal à propos que je suis fortement tenté d'accepter. Avant que je sois arrivé au bout de la lettre - qui a du reste quatre pages - j'ai cheminé à petits pas sur plusieurs plages californiennes, j'ai galopé autour des incroyables sequoias, j'ai roulé en voiture à travers les déserts fauves de l'ouest, j'ai dansé au sommet des gratte-ciel de New-York, j'ai trempé ma tête dans les éclairages glauques des bars où l'on boit des cocktails et où le jazz coule de source.

Tout cela, bien entendu, tout en traînant la savate, sans cesser de lire les conditions offertes par l'Université américaine (le College, comme disent les gens renseignés) ni de supputer les nombreuses raisons excellentes que j'ai de refuser : le roman, le film, les insomnies, ma chronique dramatique... Tout de même, la Californie c'est le pays de Steinbeck, le romancier américain qui m'est le plus sympathique, sinon celui que j'admire le plus. Quant au traitement, mille dollars pour six semaines, je ne m'y arrête pas. D'un pays à l'autre, les calculs de budget sont impossibles à notre époque. Je me doute bien que c'est honorable. Un de mes collèges, il y a quelques jours, parlait avec enthousiasme d'un costume à cinquante dollars que des amis new-yorkais avaient pu lui envoyer. Je n'ai pas honte de mes vêtements achetés il y a cinq ans et plus, bien sûr, mais..  Allons! Il ne faut pas perdre de vue le principal. Si je vais là-bas, ce sera pour faire soixante conférences. 

éditions La Bibliothèque Française, 1946 #Californie 1950, #college américain, #université américaine 1950, #professeur littérature, #René Catinaud, 

Description : livre broché, couverture souple, 252 pages, format 18,5 cm x 12 cm. bon état intérieur, couverture tachée et dos de couverture déchiré. tampon sur la page de garde.

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