Dolorès, Jean Martet, 1929 - , Amérique du Sud, Pérou, roman d'aventures, dos cuir rainures,

Dolorès, Jean Martet -  belle édition reliée dos en cuir fin, avec rainures dorées  - 

"C'était un petit village au pied des Andes, qui s'appelait Andahuaylas, un petit village paisible et riant, d'une cinquantaine de maisons, dont la plupart servaient de résidences d'été à des fonctionnaires ou à des commerçants de San-Luis. De grands pavillons de bois, dans le style rustique, au milieu de jardins très verts, perpétuellement arrosés par l'eau qui descendait des montagnes. Il y avait aussi quelques masures de paysans, quelques fermes, des parcs à bestiaux. 

Et ceci se passait le 17 juillet 1808, vers midi. Le ciel, à l'horizon, était d'un bleu profond, qui, très vite, dès que le regard s'élevait un peu, tournait au blanc; le soleil, au plus haut de sa course et dans toute sa force, donnait à la voûte céleste l'éclat du métal en fusion. Sur la route qui traversait le village, et dans les ruelles qui venaient aboutir à cette route, les ombres étaient réduites au minimum : une légère bande bleuâtre au bas des murs ; un chien n'eût pu s'y étendre. D'ailleurs, qui, à cette heure, chien ou homme, se serait risqué dehors ? En fait d'abri contre cet embrasement de fournaise, il y avait tout juste, sur la petite place triangulaire, l'exquise oasis qu'entretenaient l'intarissable fontaine et les trois gros platanes. Là, autour de cette fontaine moussue, d'où se répandait une fraîcheur d'éden, autour de ces trois gros troncs noueux semblables à des pattes d'énormes animaux, tout ce qui, dans Andahuaylas, préférait le souci de son bien-être à celui des convenances, était étendu, vautré : des nègres, des négresses, toute une marmaille à demi-nue, des tondeurs de moutons, des bergers, quelques vagabonds aussi, qui venaient on ne savait d'où, allaient on ne savait où - peut-être l'ignoraient-ils eux-mêmes, - et qui coupaient leurs longues heures de marche dans le soleil, la poussière des routes, le vol harcelant des mouches d'été, par cette sieste où ils s'anéantissaient avec béatitude. Tout cela ronflait, ave un bruit terrible; du fond de leur sommeil, ils avaient l'air de crier leur bonheur. Ils étaient étendus tout de leur long, comme des morts, sur le dos. 

L'hidalgo avait d'abord jugé qu'il serait assez hasardeux pour lui de passer par Andahuaylas; on lui avait dit l'avant-veille - un hongreur, qui revenait de Balzapuerto et qu'il avait rencontré à Challuenca - que des soldats avaient été aperçus de ce côté. Mais l'Hidalgo pensa que pour éviter Andahuarylas, il serait forcé de traverse l'Urubamba, de faire un long détour par les montagnes, - et il était las. Depuis que sa troupe s'était dispersée, auprès l'affaire de Pcasmayo, il avait fait plus de cinquante lieues à cheval, dont la moitié en forêt; il avait hâte de se trouver au repos."

éditions Albin Michel, 1929. #Pérou, #village des Andes, #Amérique du Sud, #roman historique, #livre relié cuir,

Description : livre relié, dos de couverture en cuir fin, plats cartonnés dominotés, 332 pages, format 18 cm x 11,5 cm. bon état.  -