Lisa de Roquemale, Marie Mauron - roman -
"Quel beau jour de la Saint-Martin, d'or et de nacre, sur la colline refleurie! De Roquemale, Lisa descendait au village, balançant à bout de bras le grand panier d'osier fermé où elle rapportait bas et chaussettes tricotés aux veillées pour la mercerie-confection de la bourgade. Le joli jour! La jeune femme chantonnait, si légère sur le cailloutis, si joyeuse!
Au sommet du col elle aspira un long coup de mistral qui sentait la fumée de plaine - inoubliable odeur des feuilles, des talus, des haies brûlées de plaine - puis se retourna vers le vallon de Roquemale qu'elle quittait. Son mas s'y lovait au plus creux, parmi les oliviers rebroussés d'argent clair, le toit blond de lichens entre les pointes des cyprès du même or que les peupliers. Le joli jour, le joli jour décidément!
Lisa cessa de chantonner, prise soudain d'un soupçon de scrupule : non, Roquemale n'était pas son tombeau comme elle le pensait, et parfois le criait, dans une flambée de révolte. Un mas montagnard un peu rude sans doute - rocs et terres de rocs, arbres de rocs, bêtes de rocs, aussi, fusant, soufflant dans les fourrés, rôdant parfois jusqu'au ras des murailles, et surtout gens de rocs ces Cat-Fert dont, mariée, elle faisait partie depuis huit ans, sans pouvoir s'y mêler malgré sa bonne volonté. Des rudes, oui, des verrouillés, des Chats-Sauvages, quoi! (ce n'es pas au hasard qu'ils portaient ce surnom), qui naissaient vieux : suprême tort, suprême injure aussi, pour Lisa si certaine de rester jeune. "
Editions Robert Laffont 1946. #Provence, #écrivain provençal, #roman provençal,
Lisa de Roquemale, Marie Mauron - roman -
"Quel beau jour de la Saint-Martin, d'or et de nacre, sur la colline refleurie! De Roquemale, Lisa descendait au village, balançant à bout de bras le grand panier d'osier fermé où elle rapportait bas et chaussettes tricotés aux veillées pour la mercerie-confection de la bourgade. Le joli jour! La jeune femme chantonnait, si légère sur le cailloutis, si joyeuse!
Au sommet du col elle aspira un long coup de mistral qui sentait la fumée de plaine - inoubliable odeur des feuilles, des talus, des haies brûlées de plaine - puis se retourna vers le vallon de Roquemale qu'elle quittait. Son mas s'y lovait au plus creux, parmi les oliviers rebroussés d'argent clair, le toit blond de lichens entre les pointes des cyprès du même or que les peupliers. Le joli jour, le joli jour décidément!
Lisa cessa de chantonner, prise soudain d'un soupçon de scrupule : non, Roquemale n'était pas son tombeau comme elle le pensait, et parfois le criait, dans une flambée de révolte. Un mas montagnard un peu rude sans doute - rocs et terres de rocs, arbres de rocs, bêtes de rocs, aussi, fusant, soufflant dans les fourrés, rôdant parfois jusqu'au ras des murailles, et surtout gens de rocs ces Cat-Fert dont, mariée, elle faisait partie depuis huit ans, sans pouvoir s'y mêler malgré sa bonne volonté. Des rudes, oui, des verrouillés, des Chats-Sauvages, quoi! (ce n'es pas au hasard qu'ils portaient ce surnom), qui naissaient vieux : suprême tort, suprême injure aussi, pour Lisa si certaine de rester jeune. "
Editions Robert Laffont 1946. #Provence, #écrivain provençal, #roman provençal,
Description : livre broché, couverture souple, 267 pages, format 19 cm x 11,5 cm. bon état intérieur, petite déchirure de couverture.
S’il vous plaît, connectez-vous d'abord.
Se connecter
Créez un compte gratuit pour sauvegarder des articles aimés.
Se connecterCréez un compte gratuit pour utiliser les listes de souhaits.
Se connecter
