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Amour terre inconnue, Martin Maurice, 1928 - roman d'amour,

Amour terre inconnue, Martin Maurice - roman -

"A dix ans, Andrée avait perdu sa mère. Sa raison s'était mûrie dans la tâche d'assister son père, plus faible qu'elle devant le malheur. Ils habitaient Arras, où M. Ferrand, homme doux et triste, était professeur au lycée. Il était né à Baume-les-Dames, de petits fonctionnaires, orgueilleux, encore tout près de la terre, et, au sortir de Normale, dans son premier poste, à Toulouse, avait épousé par amour la fille d'un armateur ruiné. Elle était fragile, fiévreuse, semblait promise à une jeune mort. Et, en effet, pendant sa deuxième grossesse, dans un climat de brume, un accident obscur l'avait enlevée à vingt-neuf ans. (...) 

A Paris, M. Ferrand connaissait peu de monde. Mais par goût d'enseigner autant que pour augmenter ses ressources, il donnait des leçons particulières. Un de ses élèves de Condorcet ayant perdu un an dans une maladie, en trois mois il le remit en ligne. Une ébauche de relations s'ensuivit avec la famille. Ces Langelier étaient de grands bourgeois. (...)  Andrée, deux ou trois fois, fut invitée, reçue avec tendresse par la mère, entourée de ses quatre filles et de quelques-uns de ses neveux et nièces. (...)

Andrée aima ce milieu, souhaita de connaître toutes les branches de cette famille, dont la force, la gravité souriante répondaient à sa propre nature. Mais la guerre coupa les invitations. M. Ferrand et sa fille se firent scrupule d'insister. En 1917, une lettre d'amical reproche les rappela. Ils vinrent un dimanche où les Justin Langelier rassemblaient quelques intimes. La famille avait eu de grands deuils. Trois neveux étaient tués. Un autre gazé. Un autre mutilé. Seuls demeuraient indemnes le fils des Justin, aviateur à Salonique, et leur neveu Michel, présent ce jour-là, et qui repartait le lendemain pour la Somme. 

C'était la première fois qu'Andrée voyait Michel."

Editions Librairie Gallimard 1928#roman d'amour,

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Amour terre inconnue, Martin Maurice - roman -

"A dix ans, Andrée avait perdu sa mère. Sa raison s'était mûrie dans la tâche d'assister son père, plus faible qu'elle devant le malheur. Ils habitaient Arras, où M. Ferrand, homme doux et triste, était professeur au lycée. Il était né à Baume-les-Dames, de petits fonctionnaires, orgueilleux, encore tout près de la terre, et, au sortir de Normale, dans son premier poste, à Toulouse, avait épousé par amour la fille d'un armateur ruiné. Elle était fragile, fiévreuse, semblait promise à une jeune mort. Et, en effet, pendant sa deuxième grossesse, dans un climat de brume, un accident obscur l'avait enlevée à vingt-neuf ans.

Andrée avait hérité de M. Ferrand la santé des manants francs-comtois dont il était issu C'était une solide fillette, au teint brun, aux épais cheveux noirs. Son père revoyait sur elle les yeux sombres, la chair ambrée, mais non la plaintive fascination de la morte. Andrée était gaie et concrète. A douze ans, elle commençait de donner des ordres à la bonne et  de régler la dépense. Lorsqu'elle eut quinze ans, M. Ferrand se fit nommer à Paris, pour qu'elle pût achever ses études. 

Ils s'installèrent dans un petit appartement, rue Jacob. Andrée allait au lycée, faisait ses devoirs, suivait des concerts Les parents de sa mère étant morts, elle passait ses vacances à Baume-les-Dames, entre une grand'mère alerte et deux tantes, l'une mariée à un pépiniériste, l'autre vieille fille. Ces âmes étroites et pures, ces ménagères infatigables s'émerveillaient de la voir pratiquer, comme l'oiseau chante, malgré Paris et des études de garçon, la modestie, l'épargne et la bonne humeur. Elle rentrait chargée de lainages et de confitures. 

A Paris, M. Ferrand connaissait peu de monde. Mais par goût d'enseigner autant que pour augmenter ses ressources, il donnait des leçons particulières. Un de ses élèves de Condorcet ayant perdu un an dans une maladie, en trois mois il le remit en ligne. Une ébauche de relations s'ensuivit avec la famille. Ces Langelier étaient de grands bourgeois. Le père de l'élève, M. Justin Langelier, ingénieur des chemins de fer, économiste, présidait cinquante conseils. L'Institut l'attendait. Andrée, deux ou trois fois, fut invitée, reçue avec tendresse par la mère, entourée de ses quatre filles et de quelques-uns de ses neveux et nièces. Les deux frères de M. Justin Langelier - les oncles Emile et Albert -  et sa sœur, la tante Louise, avaient comme lui fait souche généreuse. 

Andrée aima ce milieu, souhaita de connaître toutes les branches de cette famille, dont la force, la gravité souriante répondaient à sa propre nature. Mais la guerre coupa les invitations. M. Ferrand et sa fille se firent scrupule d'insister. En 1917, une lettre d'amical reproche les rappela. Ils vinrent un dimanche où les Justin Langelier rassemblaient quelques intimes. La famille avait eu de grands deuils. Trois neveux étaient tués. Un autre gazé. Un autre mutilé. Seuls demeuraient indemnes le fils des Justin, aviateur à Salonique, et leur neveu Michel, présent ce jour-là, et qui repartait le lendemain pour la Somme. 

C'était la première fois qu'Andrée voyait Michel."

Editions Librairie Gallimard 1928. #roman d'amour,

Description : livre relié, couverture cartonnée aux plats dominotés, 251 pages, format 18 cm x 11,5 cm. bon état.

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