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La fille pauvre, La Compagne, Maxence Van der Meersch 1957 - , misère ouvrière,

La fille pauvre, La Compagne, Maxence Van der Meersch - Maxence Van der Meersch se proposait d'écrire un chapitre complémentaire consacré à Didi, le frère de l'héroïne du Péché du Monde et du Cœur Pur. La mort l'en empêcha.La Compagne termine la trilogie de La Fille Pauvre, l'une des œuvres les plus importantes de la production romanesque du grand écrivain disparu.

"Je ne sais plus quelle nouvelle dispute avait éclaté, comme à peu près tous les jours, entre Suzanne et Didi, dans notre petite chambre de chez Baussard où ma sœur était venue nous voir au sortir de l'usine. Je sais seulement que ce jour-là avait été pour moi plus dur encore que tous les autres.

A la fabrique nous avions eu du mauvais, nous avions peiné comme des brutes sans être sûres du tout de gagner notre semaine. J'avais mal digéré mon déjeuner du cabaret. Il avait fait très chaud et j'avais bu à moi seule, dans l'après-midi, la moitié du seau d'eau de goudron que les patrons, par charité, mettaient à notre disposition au milieu de l'allée, entre nos métiers. Mon estomac en restait tout détraqué. (...)

Brusquement le poids de toutes ces misères m'accabla. Je pensai à ma mère morte, à mes angoisses pour l'argent, à cette usine de cauchemar où il faudrait retrouver demain, et après-demain, et tous les jours jusqu'à la fin de ma vie, sans évasion possible, sans espoir d'en sortir jamais. Je me sentis un immense dégoût, de cette chambre, de ce linge sale, de ce cloaque où je pataugeais, de ce cabaret Baussard avec se cris et son odeur de bière, de cette cour toute dominée d'usines aux murs noirs sans fenêtres, de toute cette vie qui s'étendait sans délivrance possible, jusqu'au bout, jusqu'à la mort. Un écœurement me prit, en même temps qu'une espèce de rage d'en avoir fini tout de suite."

éditions Albin Michel 1957#pauvreté, #misère ouvrière, #ouvriers d'usine,

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La fille pauvre, La Compagne, Maxence Van der Meersch - Maxence Van der Meersch se proposait d'écrire un chapitre complémentaire consacré à Didi, le frère de l'héroïne du Péché du Monde et du Cœur Pur. La mort l'en empêcha.La Compagne termine la trilogie de La Fille Pauvre, l'une des œuvres les plus importantes de la production romanesque du grand écrivain disparu.

"Je ne sais plus quelle nouvelle dispute avait éclaté, comme à peu près tous les jours, entre Suzanne et Didi, dans notre petite chambre de chez Baussard où ma sœur était venue nous voir au sortir de l'usine. Je sais seulement que ce jour-là avait été pour moi plus dur encore que tous les autres.

A la fabrique nous avions eu du mauvais, nous avions peiné comme des brutes sans être sûres du tout de gagner notre semaine. J'avais mal digéré mon déjeuner du cabaret. Il avait fait très chaud et j'avais bu à moi seule, dans l'après-midi, la moitié du seau d'eau de goudron que les patrons, par charité, mettaient à notre disposition au milieu de l'allée, entre nos métiers. Mon estomac en restait tout détraqué.

A six heures, en rentrant à la maison, je m'étais fait happer au passage par une épicière chez qui maman avait laissé des dettes à sa mort. Je craignais fort de manquer d'argent avant le jour de la paie. Par-dessus tout cela, cette bagarre entre ma sœur et mon petit frère, au milieu de cette chambre sale, inondée d'eau de savon où je faisais, les pieds nus, ma lessive dans une bassine à vaisselle et deux casseroles, sur un coin de la table. J'avais vainement tenté de les faire taire.

Brusquement le poids de toutes ces misères m'accabla. Je pensai à ma mère morte, à mes angoisses pour l'argent, à cette usine de cauchemar où il faudrait retrouver demain, et après-demain, et tous les jours jusqu'à la fin de ma vie, sans évasion possible, sans espoir d'en sortir jamais. Je me sentis un immense dégoût, de cette chambre, de ce linge sale, de ce cloaque où je pataugeais, de ce cabaret Baussard avec se cris et son odeur de bière, de cette cour toute dominée d'usines aux murs noirs sans fenêtres, de toute cette vie qui s'étendait sans délivrance possible, jusqu'au bout, jusqu'à la mort. Un écœurement me prit, en même temps qu'une espèce de rage d'en avoir fini tout de suite. Je lançai sur le plancher la loque que j'étais en train de frotter sur mon poignet, et si furieusement que Suzanne et Didi, saisis, cessèrent leur dispute."

éditions Albin Michel 1957. #pauvreté, #misère ouvrière, #ouvriers d'usine,

Description : livre relié, couverture toilée, 284 pages, format 18 cm x 11 cm. bon état intérieur. Ancien exemplaire de bibliothèque avec tampon sur la page de titre. petite usure de couverture.

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